Test ou inventaire de personnalité ?
Cette question est moins anecdotique qu'il n'y paraît, car elle détermine le type d'approche de leurs concepteurs et de leurs utilisateurs. En matière de personnalité, test et inventaire, peuvent apparaître comme des synonymes. En réalité, ils recouvrent des concepts forts différents tant pour leurs concepteurs que pour les utilisateurs. Pour les concepteurs le choix du mot test ou inventaire est un indicateur de leur approche méthodologique. Pour les utilisateurs, la référence à l'un de ces deux termes prédit ce qu'ils en attendent et la façon dont ils vont appréhender les résultats.  
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Un test est un examen ayant pour objet d'évaluer, de mesurer, de quantifier, de comparer un sujet par rapport à une norme ou un référentiel. Si l'on parle de test de personnalité,  il s'agit de positionner la personne par rapport à une échelle de valeur et donc d'aboutir à un jugement. Cela peut être justifié quand on parle de quotient intellectuel ou QI, test dont l'objectif est de donner une indication quantitative standardisée liée à l'intelligence abstraite, c'est-à-dire à la forme d’intelligence logico mathématique, dont on sait qu'elle n'est qu'une des multiples formes d'intelligence selon Howard Gardner [i]. Mais cela devient problématique quand on parle de la « personnalité » qui intègre toutes les formes d'intelligence. 

Tandis qu'un inventaire est le recensement d'éléments hétérogènes permettant de décrire un ensemble cohérent. La finalité d'un inventaire de personnalité serait de décrire la personnalité de l'individu et non pas de formuler un diagnostic ou de porter une appréciation. 
A ce stade, il convient de rappeler ce qu'on entend par « personnalité ». La personnalité est l'ensemble structuré des dispositions innées et des dispositions acquises sous l'influence de l'éducation, des interrelations complexes de l'individu dans son milieu, de ses expériences présentes et passées, de ses anticipations et de ses projets. [ii]  
A partir de cette définition, on comprend que la personnalité, essence de l'être humain, est complexe et singulière. On peut essayer d'appréhender cette unicité de façon rigoureuse à l'aide des mathématiques mais ici non plus quantitatives mais qualitatives pour lesquelles prime les notions d'incertitude et de probabilité.    

Les concepteurs qui militent pour la notion de test voient dans leurs dispositifs le moyen d'énoncer des vérités incontestables. Pour eux, la vérité scientifique dépend de sa consistance logique. Ils considèrent qu'il est possible  d'expliquer et de prévoir des phénomènes avec certitude. En conséquence, ils prétendent délivrer la Vérité. Or ici, le champ d'investigation est une personne qui exprime ce qu'elle perçoit de la réalité au travers de ses réponses aux questions qui lui sont soumises. Il faut admettre que des biais cognitifs sont engendrés par celui qui remplit un questionnaire[iii], par le concepteur lui-même[iv] et éventuellement par un professionnel pour les profils qui nécessitent une interprétation des résultats. La vérité qui en résulte, découle des biais contingents et de l'adéquation de qui il est vraiment avec sa perception de lui-même. Cette vérité est donc plus ou moins approximative malgré tous les gardes de fou qui tendent à réduire ces facteurs déviants que sont sa subjectivité et les biais cognitifs. 

En conséquence, il convient d'avoir l'humilité d'annoncer que les vérités fournies par ce type d'outil doivent être appréhendées en termes probabilistes. Un tel positionnement  relativiste ne remet pas en cause le principe de chercher à comprendre le profil d'une personne au travers d'un questionnaire renseigné par elle-même. Il recadre de façon plus convenable ce que les utilisateurs peuvent en attendre et le mode de lecture des documents produits à adopter. Ainsi, le lecteur est incité à s'imprégner des termes du profil élaboré en optant pour une attitude de critique positive. C'est ce travail de questionnement personnel qui lui permettra d'en tirer le plus grand profit. 

Un recruteur ou un coach utilisera ce support pour enrichir le dialogue avec son interlocuteur, avec d'autant plus d'efficacité qu'il sera conforté par la solidité du modèle comportemental sous-jacent à l'outil et qu'il constatera dans le temps que bon niveau de validité des profils en rapprochant ce qui lui est soumis à ce qu'il vérifie par lui-même.

Un test ou un inventaire de personnalité est du ressort des sciences humaines dont on doit accepter que si elles tendent vers des vraies vérités, elles ne peuvent pas prétendre atteindre l'infaillibilité. Si on abandonne les certitudes comme objectif et le jugement comme finalité, et que l'on attend le meilleur niveau de vraisemblance d'un profil de personnalité , alors l'expression inventaire de personnalité semble être la plus appropriée. 

C’est la raison pour laquelle on parle de l’inventaire de personnalité RADHAR.

i Les formes de l'intelligence, Howard Gardner, Odile Jacob, 1997
ii N. Sillamy, Dictionnaire de Psychologie, 1980
iii Ces biais cognitifs sont notamment dus au fait qu'il ne se connaît pas parfaitement et qu'il interprète à sa façon les propositions/questions qui lui sont soumises.
iv Le choix des critères retenus pour l'analyse du questionnaire et la méthode d'interprétation des données sont faillibles ou du moins sujet à controverses comme toute construction intellectuelle.